crash (mia)

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Mia, elle est de partout, et d’nulle part.
Elle traverse le temps et elle sait pas pourquoi est-ce qu’elle arrive pas à trouver sa place.
Elle savait pas si elle avait la force de le revoir, Joe, après ce soir.
Le train, il était parti, avec eux qui s’échappaient dans un monde plus grand.
Un monde qui n’appartenait qu’à leurs deux âmes solitaires.
Et le train, il siffle, il laisse des gens sur les quais.
D’autres en larmes, collés à la vitre.
Suspendus dans le temps.
Elle savait que d’ici quelques heures, elle le quitterait lui aussi,
sans un adieu,
sans un au revoir.
Avec des souvenirs et des mots qu’ils ont pas pu se dire.
Avec une histoire qu’ils n’auront pas eu le temps d’écrire.
Elle était comme ça Mia.
Comme une brise solitaire dont on ne peut jamais retrouver l’odeur.
Comme un visage qu’on n’arrive pas à recomposer.
L’énigme éternelle d’un sourire mystérieux.
Elle r’garde le paysage nocturne défilé.
Les lampadaires, le bitume et les étoiles qui brillent comme des supernovas.
Elle a failli poser sa tête sur son épaule, quand ils se sont installés.
Elle a failli faire plus que sourire.
C’est à peine si elle a pu s’retenir, Mia.
C’est à peine si elle a failli oublier.
« J’suis un peu d’partout et d’nulle part. »
C’était un peu comme ça, qu’ils écrivaient le début de la fin de leur histoire.
Un gars avec qui elle a pris un train sans savoir où ils iraient.
Sans savoir s’ils voulaient s’arrêter.
« Pourquoi ça t’intéresse ? »
Peut-être que c’était juste un contact, un regard.
Quelqu’un qui la rassurait un peu trop déjà.
Comme si elle était pas perdue entre l’écho du silence et les lumières qui s’éteignent trop vite.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Pas d’colère. Simple interrogation fatale. Celle qui peut briser l’rêve.
Ramener la réalité.
Celle à laquelle ils échappent, comme des voleurs.

heaven help a fool
who falls
in
love

J’suis un peu d’partout et d’nulle part.
Il est pas surpris par la réponse.
Elle a pas l'air d'être le genre de fille qui dévoile ses secrets.
Elle les garde, comme des trésors, comme si c'était la seule chose qui lui restait.
Lui, c'est différent.
Les secrets, il en a pas.
On peut lire sa vie sur son visage et sur son corps.
Une cicatrice après l'autre.
Pourquoi ça t’intéresse ?
Parce qu'il aimerait tout savoir, pour ne pas se tromper.
Il voudrait connaître sa couleur préférée, repeindre le monde avec.
Apprendre son histoire par coeur, comprendre les tatouages
qui dépassent de ses vêtements.
Il voudrait avoir l'impression
de la connaître depuis toujours.
Mais il sait rien.
Qu’est-ce que tu veux ?
Il hausse les épaules.
Il veut aimer quelqu'un à mort.
Il veut le genre d'histoire qui s'oublie pas, le genre de truc pourquoi tu crèves.
Il veut que tout explose quand il posera ses lèvres sur les siennes.
Il veut que son coeur batte fort, jusqu'à lui en faire mal.
Mais il le dit pas.
C'pas le genre de truc qu'on dit.
Moi, j'ai grandi ici. J'suis jamais allé plus loin que le terminus de ce train.
Il a rien vu du monde, Joe.
Dans cette ville, il est devenu un fantôme.
Contrairement à lui, elle se fond pas dans le décor.
J'voulais savoir si pour toi c'était pareil, ou pas. C'tout.  

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Y’a toute une vie, derrière son visage.
Des yeux qui la regardent avec quelque chose de plus.
Partout où elle allait, elle voyait des visages différents.
Des histoires semblables.
Des gens qui s’perdent, qui arrivent pas à s’retrouver,
qui se noient dans un monde trop grand pour eux.
Lui aussi, il avait l’air un peu comme ça, Joe.
Deux grands yeux qui savent pas comment la r’garder.
Elle a toujours rêvé d’plus, Mia.
D’quelqu’un qui prendrait sa main pour l’emmener au-delà de l’horizon.
D’quelqu’un qui la ramènerait contre lui, du bout des doigts,
pour lui rappeler qu’elle est pas seule.
« J’suis arrivée y’a pas longtemps. »
Inconnue dans la ville. Visage qui se perd dans la foule,
qui étouffe entre les sourires faux et les illusions nouvelles.
« Avant j’étais dans une grande ville. Plus grande que celle-là. »
Ses yeux émeraudes qui voguaient entre les buildings.
Y’avait pas d’nom, là-bas.
Personne pour la sauver dans sa chute, quand elle se noyait dans l’vent.
Les rues pavées se ressemblaient toutes, et elle finissait toujours dans les bras de ceux qui la méritaient pas.
« J’devais partir. J’avais pas le choix. »
Elle sait pas vraiment pourquoi elle continue d’se tromper.
Gorge qui brûlait lorsque l’alcool descendait le long de sa trachée.
Mains qui s’perdaient dans des draps blancs qui lui appartenaient pas.
Elle subissait ses propres erreurs,
ses propres acceptations.
« J’ai fait pas mal de conneries là-bas. »
Elle détache son regard du paysage, sourire en coin,
naturel qui revient au galop.
« T’as jamais voulu voir c’qu’il y avait après le terminus ? »
Elle donne tout et elle le reprend après, Mia.
Du bout des doigts, elle dépose sa main sur sa cuisse, à lui.
« C'est là qu'on ira, alors. »