crash (mia)

heaven help a fool
who falls
in
love

C'est l'heure des choses statiques, entre le jour & la nuit,
juste avant que les étoiles se fassent la malle.
C'est l'heure où il y a des rêves qui ressuscitent dans ses grands yeux noirs.
Il sort du club, le temps se fige.
Cigarette entre les lèvres.
La mécanique d'un briquet.
Fumer un coeur en cendres, il connaît.
La rue est désertique, ou presque.
Là, sous la lumière des néons, en face de lui, une fille.
Il y a collision
entre
leurs
regards.

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

La fumée brille dans ses yeux,
émeraudes.
Pourtant, y’a rien de beau dans c’qu’elle fait. Rien de beau dans la chasse. Dans le jeu. Dans le mensonge. Dans les miracles qui se réalisent pas.
La nuit l’emporte dans ses abysses. Les lumières elles brûlent, elles cognent.
La musique, elle résonne. Partout.
Cage thoracique prête à exploser.
Elle sort. Elle attend. Le ciel, il est immense.
Peut-être un peu trop. Et ses prunelles, elles se perdent dans l’immensité. Mais elle reste pas longtemps seule, Mia.
Elle retourne sur terre. Elle tourne sa tête.
Regards qui se croisent, qui s’lâchent pas.
« Tu cherches quoi, mh ? »

heaven help a fool
who falls
in
love

Tu cherches quoi ?
Il en sait rien.
Même s'il le savait, il le dirait pas.
Un sourire en coin, il tire sur sa clope,
juste histoire de se carboniser la gorge.
Haussement d'épaules.
Tu cherches quoi ?
Faire passer le temps jusqu'à ce que la réalité reprenne le dessus.
vivre dans un mirage et asphyxier d'illusions.  
Tu cherches quoi ?
Peut-être que ce soir, il cherche deux grands yeux émeraudes, des lèvres un peu trop rouges, une fille perdue sous les néons.
Peut-être que ce soir, ça sera suffisant.
Tu cherches quoi ?
T'approche pas trop, les regrets, ça brûle, tu sais et les coeurs, ça se brise.
C'est fragile, ces conneries.
T'as beau faire genre, t'as toujours été trop stupide pour comprendre.
La même chose que toi

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Elle sait pas ce qu'elle cherche, Mia.
Peut-être quelqu'un.
Peut-être quelque chose.
Peut-être juste un sentiment, un souvenir. Une porte ouverte vers quelque chose de plus beau, de plus grand.
Elle sait pas vraiment comment elle a pu en arriver là.
Sous la lumière des néons, écrasée par le poids de la musique qui résonne, trop vite, trop fort.
Elle observe. La foule qui danse, qui s'enlace, qui s'embrasse. Qui se perd, pour une nuit.
Ils sont là, et ils bougent.
Trop vite.
Sourire en coin. Le même que le sien.
Elle prend sa clope. Ils sont pareils, dans une nuit qui les englobe, qui les étouffe.
Ils se trompent et ils se cachent.
Ils se mentent un peu, aussi.
Aux autres, à eux-mêmes.
« Des problèmes, alors ? »

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Des problèmes, alors ?
Voleuse de clope. Il proteste pas.
Sourires qui dansent, corps inertes.
Brouillard épais, elle lui crache la fumée à la gueule.
Combustion.
Ils se regardent, ils s'observent.
Un jeu qu'ils maîtrisent pas.
Ils arrivent pas à flirter sans s'abîmer.
Quelque chose comme ça.
Un pas de plus, il est contre elle.
Les étoiles, il les a vu des millions de fois.
Mais
pas
comme
ça.
T'as un prénom ?

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Ses mots, ils crèvent le silence.
Ils explosent dans l'ciel.
Comme des météores.
Elle tire sur la clope.
Elle joue le jeu.
Un main sur son torse. Il a déjà perdu. Elle a déjà gagné.
Y'a pas d'bataille grandiose.
« T'as pas envie d'le savoir. »
Regard, plongé dans l'sien.
Peut-être qu'elle a peur d'admettre qu'elle veut autre chose.
Quelqu'un d'autre.
Alors ses yeux ils brillent. Ses doigts ils glissent.
Comme de l'encre sur du papier.
« Qu'est-ce qu'un gentil gars comme toi fait dans ce coin-là ? »

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who falls
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T'as pas envie d'le savoir.
Elle a raison.
Il est pas là pour s'créer des souvenirs.
Il est là pour
oublier.
T'inquiète, demain tu seras plus qu'une bribe d'un truc qu'il aura jamais.
Pas de prénom, pas de numéro.
Juste deux yeux émeraude qui le fixent.
Comme si à sa place, il y avait autre chose que du vide.
Qu'est-ce qu'un gentil gars comme toi fait dans ce coin-là ?
Il y a sa main sur son torse.
Bang, fait son coeur.
Le mec se fait voleur.
Cigarette récupérée,
à son tour de disparaître derrière la fumée.
Qu'est-ce qui t'fait dire que j'suis gentil ?

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

C'était dans ses yeux.
C'était dans la façon dont il la regarde.
Mystère qui brûle, elle est sur ses gardes.
Mia elle sait. Mia elle veut pas avoir mal.
Elle veut regarder l'ciel, une dernière fois.
Elle veut changer les couleurs. Imaginez qu'ça pourrait être autre chose. Peut-être que ça pourrait être différent, avec lui.
Clope qu'il vole.
Main qui continue à dévaler sur son torse.
Elle, elle a pas peur.
Ou peut-être un peu.
Peut-être qu'elle veut pas l'dire.
Qu'elle a peur.
« ça s'voit. T'as pas l'air comme les gars que j'vois ici. »
Sourire en coin, elle le lâche pas du r'gard, le brun.
« T'as pas l'air dangereux. »
Il respire la même fumée. Cercle fermé qui n'appartient qu'à eux.
Une pause. Une éternité.
« Ton prénom ? »

heaven help a fool
who falls
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ça s'voit. T'as pas l'air comme les gars que j'vois ici.
Pas de tatouage, pas d'oeil au beurre noir.
La parfaite panoplie du mec trop lisse.
En surface, il fait pas de vague.
En vérité, le mec est un ouragan.
Il est passé pro dans l'autodestruction.
Tout un art.
Tu veux voir ?
T'as pas l'air dangereux.
Il hausse le épaules, maintient le contact des iris.
Ton prénom ?
Il hésite pas.
Il a rien à cacher.
Joe.
La vérité, il la fume dans un murmure.
Même si tu t'en souviendras probablement pas demain.
Demain, ils existeront plus.
Cette conversation rejoindra les voeux oubliés, les rêves torpillés.
On pourrait peupler un océan avec
tout
ce
qu'ils
ont
voulu.

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Elle savait pas pourquoi elle voulait s'en souvenir.
Trois malheureuses lettres qui changeaient rien à c'qu'elle était.
Des prunelles qui dansent avec les siennes. Des souvenirs qu'elle peut pas effacer.
Le film, il est là et il défile devant leurs yeux. Il a pas d'belle histoire à lui dire.
Pas d'beaux poèmes à lui conter.
Pourtant, elle est comme suspendue.
À ses lèvres.
Aux promesses qu'il a pas encore faites.
« Mia. »
ça glisse. Mia et Joe. Comme une histoire qu'on n'a pas encore raconté.
« Tu t'en souviendras. »
Ils s'en souvenaient toujours. C'était elle qui buvait jusqu'à oublier chaque nom.
Chaque baiser.
Comme pour se laver d'une vie qui ne lui appartient pas.
« Tu m'as toujours pas dit c'qu'un gars comme toi fait ici. »
Elle le r'garde. Elle veut pas qu'il parte, l'inconnu.
Elle veut s'rappeler encore un peu.
Encore un petit moment.
Ce que ça fait de s'sentir vivant.

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Mia.
Symptômes du grand amour quand il la regarde.
Il est comme ça Joe, il a juste besoin de quelques secondes et d'un prénom pour tomber.  
Tu t'en souviendras.
Sourire insolent.
Il le sait, qu'il s'en souviendra, de toutes les plaies, de toutes les brûlures,
de tout ce qu'elle lui fera regretter.
Promis, j'oublierai pas.
Il tire une dernière fois sur sa clope avant de la balancer sur le bitume.
Cadavre d'une cigarette rejoint les cendres de ses rêves.
Tu m'as toujours pas dit c'qu'un gars comme toi fait ici.
Il hausse les épaules, il voit pas de quoi elle parle.
Il vient souvent, par ici.
Pour oublier.
Pour se tuer avec des liquides qui brûlent.
Mais elle a renversé le mécanisme, et voilà qu'à présent, il veut se rappeler.
J'allais prendre le dernier train de nuit.
Celui qui dévale dans la ville qui se réveille.
Deux grands yeux noirs sur une fille aussi jolie qu'un mirage.
Puis j't'ai vue.

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Bouche aux lèvres pourpres. Mia elle embrasse la nuit, et tous ses démons.
Mia elle fait des promesses qu'elle peut pas tenir.
À elle, aux autres.
Au monde.
Pacte qu'elle veut briser quand elle voit son visage.
Peut-être qu'il a quelque chose de différent.
Elle, elle veut tout.
Elle veut quelque chose de nouveau.
Quelque chose de beau, de grand.
De renversant.
Comme l'encre qui glisse sur du papier.
Peut-être qu'il pourrait être ça, Joe.
Ses lèvres, elles se rapprochent. Elles s'écrasent sur le coin d'sa bouche.
Ultime provocation d'un feu qui se meurt déjà.
Mia c'est une grenade. Pas faite pour durer.
« Intéressant. Mais tu devrais pas. Les gars comme toi devraient pas être avec les filles comme moi. »

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Un baiser au creux de ses lèvres.
Un sourire qui lui donne l'air de vaincre.
Sauf que y'a rien à gagner ce soir.
Pas pour lui en tout cas.
Intéressant. Mais tu devrais pas. Les gars comme toi devraient pas être avec les filles comme moi.
Il sait pas de quoi elle parle, pas vraiment.
Il a pas envie de savoir.
Parce qu'entre eux, il y a rien, de toute façon.
Plus de fumée diffuse.
Plus de vide.
Juste leurs yeux imbibés de rêves un peu trop fous, un peu trop morts.
Ok, j'insiste pas.
Son sourire sous les néons a de la tristesse à revendre.
Bruit familier des rails qui sifflent.
Un coup d'oeil vers la gare.
Un coup d'oeil sur elle.
Faut qu'j'y aille... Le train est là.  

lord huron - the night we met

I had all and then most of you, some and now none of you, take me back to the night we met.

Le train il est là.
Il arrive et déjà tout s'arrête.
Le train il est là, et il emporte c'qui aurait pu arriver.
Il efface déjà leurs visages.
Il efface leurs sourires, leur moment.
Celui qui qui peut tout changer.
Elle le r'garde, qui menace de partir à tout moment.
Peut-être que cette fois, elle a pas envie d'le regarder s'en aller.
« J'pourrais le prendre aussi. »
Elle l'entendrait siffler toute sa vie, ce train. Celui qui arrive comme un ouragan.
Celui qui change une vie.
« On pourrait s'arrêter où on veut. »
Sauf que Mia, elle avait pas le coeur pour un nouvel adieu.
« À moins qu'tu préfères retourner tout seul. »
Haussement d'épaule.
Mensonge voilé derrière des masques qu'ils portent à la perfection.
Mia,
elle a failli courir.
Elle a failli hurler.
Vers lui.

heaven help a fool
who falls
in
love

J'pourrais le prendre aussi.
Sourire revigorant sur un visage fatigué.
Un peu d'espoir dans ses iris alcoolisés.  
Tu seras pas seul, ce soir,
peut-être même que t'as gagné.
Tu le sauras demain, quand tu pointeras au boulot,
quand les mirages auront éclaté.
On pourrait s'arrêter où on veut.
Dans sa voix, la promesse d'une aventure.
Refuser la nuit qui s'achève et empiéter sur le jour qui se lève.
Des promesses qui se font, et de défont aussitôt.
A moins qu'tu préfères retourner tout seul.
Crever à deux, c'est toujours mieux que de crever seul.
Il hésite pas Joe, il répond même pas.
Il prend sa main.
Ils fuguent.
Dépêche-toi, il va partir sans nous.
Passagers clandestins du dernier train de nuit, ils partent pourchasser le soleil.
Course contre la montre, contre les portes qui se ferment.
Derrière eux.
Un éclat de rire essoufflé.
Tu vas voir, c'est le meilleur moment pour prendre ce train.
Il la laisse s'installer. Il s’assoit à côté d'elle.
Mia, il peut sentir son parfum.
Mia, il lui sourit fièrement, sans savoir exactement pourquoi.
Soleil à l'horizon.
Les immeubles meurent en silence.
Mais ce qui l'intéresse, c'est pas le décor.
C'est les gens.
C'est le sosie pakistanais de Michael Jackson,
c'est la vieille dame à l'affut de son sac,
c'est le couple qui dort l'un contre l'autre.
C'est les histoires qu'il imagine,
la vie des autres.
Et Mia ?
C'est quoi son histoire ?
T'es d'ici ?